Karl Beaudelere - KXB7
Karl Beaudelere habite à Villeurbanne en France.
Extraits de l’article paru dans Artension n°125 en 2014 :« Il n’est pas de plaisir plus doux que de surprendre un homme en lui donnant plus qu’il n’espère » : lorsque Charles Baudelaire écrit ces mots, dans Le spleen de Paris, il n’imagine pas combien un dessinateur marseillais - né 98 ans après la mort du poète parisien - puisera dans de telles phrases la force de sublimer l’existence. Et de devenir un artiste. Ô combien étonnant. « L’artiste n’est artiste qu’à la condition d’être double et de n’ignorer aucun phénomène de sa double nature » dit encore le poète, dans ses Curiosités esthétiques. Pour l’homme qui se cache derrière le pseudonyme de Karl Beaudelere, cela a pris du temps, mais c’est fait ! Certes, à l’école primaire déjà, dessiner lui permettait de s’évader, loin du bruit et de la fureur qui régnaient au domicile familial. Éric s’imaginait être «venu de l’espace», malencontreusement éjecté de sa planète initiale. Gaucher, il admirait ses copains qui copiaient les bandes dessinées de Spiderman. Et son frère, qui lisait Baudelaire pour préparer son baccalauréat. Il se souvient aussi du jour où un professeur d’arts plastiques lui demanda de froisser une feuille de papier, puis d’imaginer une figure à partir des plis obtenus. « Quand on dessine, on cherche toujours des apparitions.» Patience et fulgurance (…) Agent de sécurité ensuite, la nuit, en écoutant la radio, Éric note une foule d’idées dans un petit cahier. « Je voulais trouver un plan pour fulgurer. J’ai d’abord créé un procédé, en 2006, que j’ai déposé à l’INPI, pour faire des sculptures en plexiglas. Je décomposais des images selon une logique quadrichromique, pour faire des sortes d’hologrammes sérigraphiés. Je voulais inventer un vitrail en trois dimensions, provoquer des sensations comme dans le film La guerre des étoiles… Je me suis retrouvé sans le sou. J’avais juste de quoi acheter des boites de stylos à billes au marché. Alors, j’ai commencé à dessiner. J’ai pris le nom de Karl Beaudelere et j’ai eu l’idée de me masquer. Pour marquer le fait que je suis d’une autre caste. » Karl aime le mystère, la voyance, l’astrologie et la numérologie, qui lui permet d’échafauder des corrélations entre lui et… Baudelaire. Les autoportraits stupéfiants, qu’il trace depuis sept ans ? « Je voulais ne garder que les traits des formes, construire des sortes de squelettes. J’ai d’abord copié des images mais elles n’étaient jamais assez précises. Alors, je me suis regardé dans une glace (…) ».
Ci-dessous, quelques photos du vernissage à la Collection de l'Art Brut de Lausanne pour l'exposition "Autoportraits au miroir" du 10 juin au 30 octobre 2022.
“There is no sweeter pleasure than to surprise a man by giving him more than he hopes for": when Charles Baudelaire wrote these words, in Le Spleen de Paris, he did not imagine how much an artist from Marseille - born 98 years after the death of the Parisian poet - draw from such phrases the strength to sublime existence. And to become an artist. How amazing. "The artist is an artist only on the condition of being double and not ignorant of any phenomenon of his double nature," says the poet in his Aesthetic Curiosities (“Curiosités esthétiques”). For the man behind the pseudonym Karl Beaudelere, it took time, but it's done! Certainly, already during elementary school, drawing allowed him to escape, far from the noise and fury that reigned in the family home. Eric imagined he had “come from space”, unluckily ejected from his initial planet. Left-handed, he admired his friends who copied Spiderman's comics. And his brother, who read Baudelaire to prepare his baccalaureate. He also remembered the day when a visual arts teacher asked him to crumble a sheet of paper, and then imagine a figure from the folds obtained. "When we draw, we always look for appearances." Patience and lightning (...) As a security agent, at night, listening to the radio, Eric noted a lot of ideas in a small notebook. "I wanted to find a plan to light up. I first created a process, in 2006, that I deposited at the INPI, to make sculptures in plexiglas. I decomposed images according to a quadrichromic logic, to make some kind of seriagraphic holograms. I wanted to invent a stained glass window in three dimensions, to provoke sensations as in the movie Star Wars... I found myself penniless. I just had enough to buy boxes of ballpoint pens at the market. So, I started to draw. I took the name of Karl Beaudelere and I had the idea to hide myself. To mark the fact that I am from another caste.” Karl likes mystery, fortune telling, astrology and numerology, which allows him to build up correlations between him and... Baudelaire. The amazing self-portraits, that he has been tracing for seven years? “I wanted to keep only the features of the forms, build some kind of skeletons. I first copied pictures but they were never precise enough. So, I looked at myself in a mirror (...)”.